"Le numéro que vous demandez ne peut être obtenu à partir du poste que vous utilisez."

Il m'a fallu une semaine et 6 appels vers Ogéro, la compagnie de téléphonie fixe locale, avant de comprendre que non, mon téléphone ne déconnait pas, mais que je ne n'avais tout simplement pas réglé la facture. On est blonde ou on ne l'est pas.

Et là, ça se complique. Parce que pour les autres services, c'est le gardien de l'immeuble qui s'en occupe. On lui descend nos bonbonnes d'eau vides, et on les récupère pleines. Il nous présente de temps en temps (je n'ai pas encore trouvé la logique dans les dates), une facture pour l'abonnement satellite, pour une réparation quelconque, ou l'appel de charges.

Et bien pour le téléphone, on ne reçoit rien, il faut se rendre de soi-même après le 15 du mois dans une agence Ogéro. J'ai de la chance, celle de mon quartier est rue Sassine, pile sur la chaussée en face de l'immeuble qui a été soufflé vendredi dernier. Il m'a fallu donc entrer dans le périmètre sécurisé par l'armée, en passant sous le ruban jaune de délimitation de zone. Autant dire que je me suis sentie un peu seule et pas super super à l'aise en traversant devant la troupe armée, même si celui du bout de la rue m'avait fait signe de passer du bout de son outil de travail...

Revenons au réglement de la facture. J'ai tout d'abord cherché une agence type France Télécom ou Orange, avec enseigne, pub, vitrine. Comme il y en a à Beyrouth à tous les coins de rue pour les cellulaires. Rien de tel de visible ici. Après avoir demandé confirmation 4 fois (aux militaires, de loin...), je me suis décidée à entrer dans le bâtiment indiqué, en enjambant des gravas, des cartons et un vieux canapé sur le pas de la porte. Pas d'enseigne, mais un guichet au 1er étage, où l'on me dit d'aller au sous-sol pour régler. Mais pas à cette entrée, il faut aller de l'autre côté du bâtiment.
De l'autre côté, pas plus d'enseigne, mais une entrée, comment dire, un peu comme je pourrais imaginer l'administration dans les Pays de l'Est au temps du communisme...un petit hall gris et défraîchi, un escalier en colimaçon gris, qui débouche au sous-sol sur une immense, vide et poussiéreuse salle grise du sol au plafond, avec un guichet de 20 m de long bordant chaque côté, et rien d'autre. Dans cet espace désolé, seuls deux employés sont en poste, assis l'un à côté de l'autre.
L'un des deux tente de me renvoyer à l'étage, l'autre comprend que je VEUX payer, et me dit que c'est bien ici. Alléluia !

La facture est imprimée immédiatement, je la règle aussi vite (même si je manque de m'étouffer sur le montant...c'est écrit en arabe, je ne me trouve pas spécialement en verve à ce moment-là pour pinailler sur les détails), et ressort à l'air libre.

Libre.

facture téléphonique

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