Le premier hypermarché Carrefour a ouvert le we dernier à Beyrouth, dans un immense centre commercial flambant neuf : le Beirut City Center.

Alors j'y suis allée, pour voir (en semaine, pas le jour de l'ouverture, je ne suis pas totalement dingue quand même). Ceux qui me connaissent, connaissent aussi mon goût limité pour la consommation de masse, allant jusqu'au boycott en France des enseignes qui prennent leurs clients pour des c... en leur faisant faire le boulot de leur personnel sous couvert de leur apporter un service supplémentaire (Géant Casino et son scan express, pour ne pas le citer). Il m'est ainsi arrivé de laisser mon caddy rempli à ras bord entre les rayons, de rage, après avoir stagné pendant 1/2 heure derrière 15 irréductibles comme moi, devant les 2 pauvres caisses ouvertes entre midi et deux qui n'avançaient pas, alors que le magasin en comptait une cinquantaine (48 fermées donc pour ceux qui suivent). Bref, j'aime pas les grandes surfaces.

Mais là, quand même, j'avoue m'être retrouvée dans un état à la limite de l'extase devant ses linéaires remplis de tous ses produits que je connais, qui me parlent, que je redécouvre avec l'oeil humide bordé de reconnaissance... si j'avais croisé Monsieur Carrefour à ce moment-là, je lui aurais roulé une pelle.
A moi les compotes SANS SUCRES AJOUTES qui ne coûtent pas un bras, le couscous aux épices que j'adore avec les crevettes coco, le vrai sirop de fraise, la bière blanche, le ST VERAN !!!! Je m'emporte, tout ça se trouve déjà ici, mais sans doute la nostalgie du caddy comme en France me fait délirer....

Pour mieux me faire revenir à la réalité, un soin particulier a été apporté au passage en caisse, un subtil mélange de ce que j'haborre dans les 2 pays. L'attente et l'orgie de sacs plastiques. Les caisses sont très proches des rayons, autant dire que la circulation peut être bloquée comme sur l'avenue Malek en fin d'après-midi dés qu'il y a plus d'un caddy en attente. Mais ici, dans les supermarchés libanais, cette disposition est normale. Car théoriquement, il ne devrait pas y avoir d'attente. Enfin moi, je n'en avais jamais vu jusqu'ici. Partout, un employé sort les achats du caddy, et un autre, voire 2, se charge de l'autre côté de la caisse de les mettre en sac et de remplir le caddy pendant que le client paye, et vous accompagne même jusqu'à la voiture pour tout transférer dans le coffre. Du vrai service, carrément du luxe quand, comme moi, on est pas fan de l'exercice de style consistant à retrouver le plus vite possible sa carte bleue dans le fond d'un sac à main plein à craquer avec 2 paquets de couches sous chaque bras et une mamie qui te fusille juste derrière parce qu'elle n'a pas que ça à faire de ses journée que d'attendre aux heures de pointe que les blondasses comme toi se magnent. Encore un peu elle aurait raté Julien Lepers. Je m'emporte encore. Bref, normalement donc il n'y a pas d'attente. Sauf que, peut-être dans l'anticipation d'une réduction de personnel, peut-être pour habituer tout de suite ses salariés aux conditions de travail en sous-effectif (des hypothèses bien sûr, je ne suis pas toujours très très objective sur le sujet) il n'y avait qu'un seul employé à la caisse : celui qui met en sac au bout du tapis. Donc il fallait sortir SOI-MEME ses achats du caddy. Et là, angoisse, j'ai vu un vent de panique agiter les têtes, une chaîne de solidarité se former pour vider le caddy de celui de devant et l'aider à surmonter cette épreuve....
Au bout du tapis, pas de bol, mon metteur en sac était apparement en formation, sous l'oeil suspicieux d'un manager qui le notait sur son calepin. Des graaaands sacs en plastique, comme on en fait plus en France, qui hérissent mon poil écolo, mais parfaitement adaptés à ma poubelle. Normalement le service consiste à empaqueter par catégorie de produits : hygiène, frais, liquides, etc... ce qui est ma foi bien pratique pour ranger quand on arrive à la maison. Là, voulant bien faire, le jeune homme avait pris l'option 1 article = 1 sac. Après 3 "please, put more in the bag" sans succès, il a réussi à m'agacer. J'ai ressorti les sacs du caddy pour les remplir n'importe comment, avec n'importe quoi. Une hystérique.

J'espère qu'il a eu une mauvaise note. J'aime pas les grandes surfaces.

Carrefour

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