Manucure

Je ne suis pas une adepte de manucure, au sens libanais du terme, soit 2 fois par semaine, 52 semaines par an. Mais de temps en temps, il m'arrive d'aller me faire tailler la cuticule. Non, ce n'est pas un gros mot.

Tailler, cette fois-ci, c'est exactement le terme. Hier matin, pendant que mes mèches trempaient dans l'ammoniac (c'est là que le mythe de ma blondeur naturelle s'effondre...), le crâne couvert de papillottes en alu (la tête de noeud du concert de Daft Punk n'était pas bien loin, je m'en souviens, Of the Wood), mon ami Wassim, louchant sur mes mains de Caroline Ingalls revenant du champ, me propose les services de sa nouvelle esthéticienne. La réalité me rattrape en une nano seconde, si je n'ai pas les deux couches de vernis réglementaires, je ne rentrerais jamais au One ce soir. Je m'installe donc sereine et reconnaissante face à ma nouvelle meilleure amie.

Eu égard à l'état de sa manucure à elle, j'aurais du me méfier. Mais je ne vois jamais le mal nulle part, c'est mon problème et ça me perdra, c'est sûr. Après 3 grands coups de pince et 2 doigts en sang, je commence néanmoins à manifester de légers signes de contrariété. Des "hiiii ! ouille ! aiiii !"assez discrets, mais qui l'ont mise dans un état de stress proportionnel à mon agacement grandissant. 

Et là, se faire poser du vernis par une nana couverte de sueur froide, agitée de tremblement nerveux, c'est une expérience à vivre. Une fois.

Après m'avoir barbouillé les ongles du vernis gris anthracite qui avait retenu mon attention car parfaitement assortie à ma grosse montre de pétasse expatriée, essayé vainement de rectifier le tir avec du coton tout pelucheux, enlevé finalement le tout en me renversant un demi flacon de dissolvant sur la main (voyons le bon côté des choses, mes plaies ont été trés rapidement cautérisées), recommencé trois fois l'opération de plus en plus énervée, elle a fini par enfoncer rageusement le pinceau du vernis (quasi noir) dans le flacon de base pour séchage rapide (transparent) en renversant le reste du dissolvant sur la table. Visiblement complètement traumatisée par sa prestation, elle a tenu à m'offrir un massage de la main, APRES la pose du vernis donc. Cela a donné approximativement un grattage du creux de la main, copieusement arrosée d'huile, histoire d'annihiler l'ultime petite chance qu'avaient mes ongles de sécher dans de bonnes conditions.

Quand je l'ai vu renfiler un bout de coton au bout de son bâtonnet et récupérer le dissolvant répandu sur la table, les yeux exhorbités, en pleine crise de panique devant un filament collé sur l'ongle du pouce droit, j'ai sauté de ma chaise et suis partie en courant.

Cette nuit j'ai rêvé qu'un flacon de vernis géant me poursuivait dans la rue.

Comments

[Dalila]

Tres drole! Bravo pour la description pleine d'humour!

[tata isa]

excellent, de plus c'est un délice de te lire, creuse dans cette direction tu as un bel avenir.

[thibagathe]

Ca c'est bien de vrais problèmes de femme d'expat... Je compatis...

Désolée de mon absence, je digérais la 4ème (et dernière!), I'm back....

[muller]

je vois que la situation est grave. Plan d'urgence -> prévoir pour cet été : chasse à l'écrevisse,à l'escargot, au goupil ... enfin, toute chose préhensible manuellement ou te remettant les idées en place. Là, tu dois chercher quel animal fait quoi. Sachant que pour 2, les conditions climatiques jouent un rôle important. Pour l'autre, c'est toujours la bonne saison)

[Audrey]

Des photos?!